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L’Afrique: un potentiel pour l’industrie du papier

L'incertitude politique croissante et l'immobilisation des marchés des produits de base et de rentabilité des grands marchés internationaux, probablement incitent les investisseurs au goût de risque à s'aventurer dans les marchés mondiaux émergents comme l’Afrique.

Le deuxième plus grand continent au monde – qui comprend 54 pays différents et une population totale de plus de 1,2 milliard d’habitants – a affiché, au cours des dernières années, une croissance économique de 5% par an, un nombre qui ne semble que monter, malgré les risques associés au resserrement des conditions financières mondiales et la situation géopolitique de certains des États africains les plus fragiles.

 

La scène africaine

Le Nigeria – qui est de loin le plus grand producteur de pétrole en Afrique avec plus de 2,5 millions de barils produits chaque jour – est le plus peuplé en Afrique avec plus de 190 millions d'habitants.

De tous les pays africains, l’Algérie est la plus grande en superficie, couvrant 2.382 Km2 et occupant environ 7% de l’Afrique, avec une population en croissance constante de 39 millions d’habitants.

Dans son ensemble, le taux de croissance de la population africaine est si rapide que des études indiquent qu'au cours des deux prochaines décennies l’Afrique est sur le point de devenir le continent le plus densément peuplé, surpassant ainsi la population de la Chine et de l’Inde.

Un rapport de Mckinsey sur le continent, intitulé The African Consumer(Le consommateur Africain), estime que d’ici 2020 les industries africaines orientées vers le consommateur devraient croître de plus de 400 milliards de dollars.

En défaut des études de marché appropriées, les investisseurs étrangers hésitent actuellement à investir en Afrique malgré l'existence d'une rentabilité sérieuse pour le premier à entrer dans ces marchés vierges dispersés à travers le continent, en particulier au niveau de l’industrie du papier tissue.

Il convient de noter que la population de l’Afrique non seulement est en croissance rapide, mais elle est également la plus jeune du monde. La population complexe et diversifiée du continent est technophile, reconnaisse les marques et soucieuse de la qualité.

Actuellement, le marché consommateur mentionné ci-dessus est fortement concentré dans 10 des 54 pays africains - Algérie, Angola, Égypte, Ghana, Kenya, Maroc, Nigéria, Afrique du Sud, Soudan et Tunisie – qui, selon la recherche Mckinsey, en 2011 représente environ 81% de la consommation privée de l’Afrique.

Ainsi, un entrepreneur perceptif serait conscient que les villes de taille moyenne, moins urbaines poseraient moins de concurrence, de meilleures marges de profit, et un territoire vierge plus accessible pour démarrer une entreprise de papier tissue, bien que l’efficacité des investissements dans les régions rurales n’est pas encore établie, étant donné que 40% de la population africaine vit dans les villes, où les dépenses urbaines augmentent deux fois plus rapidement que les dépenses rurales.

 

La production de papier en Afrique

Le type de papier produit par les usines africaines varie entre tissue, carton, ondulés et doublures, pour écriture, impression et papier journal.

À l’heure actuelle, les principaux pays africains producteurs de papier sont l’Algérie, l’Égypte, le Kenya, le Maroc, le Nigéria, la Tunisie, la Tanzanie et l’Afrique du Sud.

À une plus petite échelle, nous constatons que le Ghana, Madagascar, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe commencent à accélérer leur production locale de papier, une initiative ambitieuse pour cesser l’importation des produits à base de papier, avec l’espoir d’avoir un plus grand rôle dans leurs propres marchés nationaux.

Strictement d’un point de vue quantitatif, l’Afrique du Sud domine actuellement le marché du papier d’emballage ainsi que la distribution des machines de papier tissue. Le pays possède 18 usines de papier tissue différentes contenant 22 machines, et exporte actuellement ses produits vers les pays voisins comme le Botswana, le Zimbabwe, la Namibie, le Mozambique, la Zambie et le Swaziland.

En Afrique du Nord, l’Egypte détient le plus grand nombre d'usines de papier tissue et machines et fonctionne actuellement avec 8 usines à tissue avec 14 machines et plus de 38 usines à papier avec 50 machines.

 

Opportunité pour l'industrue du papier

Les opportunités présentes dans la domestication de la production de papier tissue en Afrique sont claires, surtout compte tenu de la croissance de la population africaine et de la consommation privée susmentionnée. Certains pays du Nord et de l’Ouest de l’Afrique peuvent bénéficier d'une longueur d’avance, car l’énergie, l’eau et la main-d’œuvre sont facilement disponibles, ce qui leur permet de développer leurs plans d’installation/d’exploitation d’usines de tissues avec moins de risques.

Il faut garder à l’esprit que le secteur du papier tissue était connu comme l’un des marchés les moins affectés par la crise de 2008. Un marché résistant et à faible risque signifie que les pays les plus petits et les plus urbains d’Afrique possèdent encore une chance de concurrencer dans cette industrie locale et nationale, car de nombreux investissements majeurs pilotent des projets de petites machines de tissue, à coût faible comparé à d’autres types de machines à papier.

Des opportunités diverses sont disponibles pour l’industrie du tissue dans les régions naissantes de l’Afrique. Les pays plus petits ou plus pauvres peuvent choisir d’investir dans d’autres catégories de papier tissue ou de conclure des partenariats avec des investisseurs internationaux pour développer et modifier la catégorie du papier de leurs usines.

D’autres peuvent choisir d’investir dans des usines de tissue d’occasion, ou de modifier les machines Fourdrinier existantes en production de papier tissue.

Compte tenu de la diversité de l’Afrique, il est important de noter que les mesures ci-dessus peuvent ne pas s’appliquer à un pays comme l’Afrique du Sud ou le Nigeria.

En Afrique du Sud, nous assistons à la présence de grandes entreprises extrêmement compétitives sur le marché de la production et de la distribution de tissue. Les usines existantes sont dans une lutte acharnée pour améliorer leur qualité et augmenter l’efficacité de leurs machines face à leurs concurrents.

Au Nigeria, les dépenses des consommateurs sont limitées en raison de la dépréciation des devises et des hausses des taux d’intérêt, ce qui signifie que les producteurs de tissue doivent sérieusement envisager des promotions agressives tout au long de l’année pour stimuler la performance du marché.

 

Disponibilité des ressources

Commençons par l'essentiel: les tarifs d'électricité en Afrique varient énormément à travers le continent. Par exemple, les tarifs en Afrique du Sud et en Zambie sont parmi les plus bas au monde, tandis que les prix à Djibouti et au Gabon sont parmi les plus élevés au niveau mondial.

L’eau, par contre, est disponible en Afrique de l’Ouest mais absente dans le reste du continent. Il n’est pas aussi facilement disponible dans d’autres régions, mais peut éventuellement être obtenu avec l’association des gouvernements en Afrique subsaharienne et du Nord.

La main-d’œuvre est disponible localement à des prix très bas, en raison de l’âge médian des jeunes et des taux de chômage croissants dans certains des marchés émergents de l'Afrique.

En ce qui concerne les machines, les technologies de production les plus récentes ne sont pas disponibles dans la majorité du marché africain. A l’exception de la partie nord de l’Afrique, la majeure partie du continent est encore vierge dans ce domaine, ce qui signifie que les bailleurs de fonds internationaux qui ont le goût du risque d’investir dans les technologies les plus récentes peuvent avoir une longueur d’avance par rapport aux compétitions locales qui s’appuient sur des machines vieilles de plusieurs décennies.

Les matières premières telles que la pâte vierge et la pâte désencrée sont majoritairement importées, tandis que les vieux cartons ondulés, les déchets de bureau et les déchets mixtes sont souvent recyclés localement.

 

L’avenir des usines de papier africaines

Actuellement, 2,750,000 tonnes de papier d’emballage et 1,850,000 tonnes de papier tissue sont produites chaque année en Afrique. Avec l’ouverture de nouvelles usines de papier tissue, et comme la sensibilisation des demandes du marché et de la technologie de production est répandue sur le continent, le nombre de production de tissue devrat augmenter de 500.000 tonnes supplémentaires en 2020.

Bien que la production de masse de papier tissue est rentable, principalement due à la demande de consommation et à son investissement modique, elle n’est pas la seule option viable pour démarrer une entreprise de papier rentable.

En fait, avec peu de modifications, les papeteries africaines existantes peuvent facilement orienter leur production actuelle à la fabrication de papier crêpé, de papier frictionné ou de papier d’emballage standard avec une large gamme de catégories.

Les investisseurs qui ne veulent pas prendre de risque doivent garder à l’esprit que les machines tissue à faible production sont largement disponibles, et même elles sont capables de produire des tissues avec une marge bénéficiaire plus élevée.

Une fois qu'une meilleure compréhension du marché local et régional est établi, les producteurs existants peuvent choisir plusieurs catégories de papier spéciales, comme le papier d’emballage imprimé de haute qualité.

 

Un aperçu des défis

Même si les investisseurs s’attendent à faire de bons profits dans l’industrie du papier en Afrique, choisir la bonne qualité de papier, le bon moment et le bon emplacement sont impératifs pour éviter les risques de réglementation et de stratégie associés.

Une étude de cas intéressant à noter est le Pan Paper basé au Kenya, maintenant connu sous le nom de Rai Paper, qui était l’un des plus grands fabricants de papier en Afrique de l’Est. En raison d’un malentendu culturel, d’un manque d’expérience dans la gestion et de problèmes d’approvisionnement en matières premières, la production de la papeterie a considérablement diminué tout au long des années 2000, laissant derrière elle des milliers d’habitants qui dépendaient de la papeterie pour vivre. Il a été suivi par un investissement de 2 milliards de shilling kenyan (environ 19,5 millions de dollars américains) par le gouvernement à travers le ministère de l’industrialisation, dans un effort échoué pour relancer l’usine, qui a malheureusement entraîné sa fermeture complète en 2009.

Mais tout n’est pas négatif pour Pan Paper, car l’entreprise s'est rétablie après 11 ans de fermeture. L'entreprise a récemment été injecté avec un important investissement du groupe d’investissement Rai, et la papeterie est opérationnelle depuis février 2017 sous le nom de Rai Paper.

En outre, dans la région de l’Afrique de l’Est, la plus grande papeterie est en construction en Éthiopie; à la suite du contrat conclu entre Yekatit Pulp and Paper et la China Engineering Corporation (CEC), 70,000 tonnes de papier d’emballage et 15,000 tonnes de papier tissue seront produites dans la nouvelle installation.

 

En fin de compte

Avec la mondialisation et l’accès à Internet en hausse en Afrique, Le consommateur africain est maintenant plus que jamais conscient de la marque, et l'amélioration de l’hygiène personnelle et du niveau de vie peut entraîner la croissance de la consommation de produits en papier et de papier hygiénique.

Etant donné qu’il est difficile de regrouper un continent aussi diversifié en une seule généralisation, les entreprises doivent comprendre la culture locale en long et en large. Les choix faits pour investir dans les papeteries africaines doivent offrir une véritable proposition de valeur afin de se démarquer de la plupart des marchés naissants du continent.

Il est également important de procéder à une évaluation approfondie des risques de tous les aspects interconnectés de cette industrie, des contraintes maritimes et logistiques aux éventuelles instabilités politiques et à la volonté de coopération des autorités locales. Dans l’ensemble, nos recherches indiquent que le marché africain est ouvert à toutes sortes d’importations et d’exportations de papier, et que la possibilité de croissance est largement supérieure au risque que cela comporte.


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